"Insoumis", le film :)

En discutant avec Carole, j'ai appris que c'était elle avait écrit le film produit par Planète Cheval au Naturel, Insoumis .

Personnellement je n'ai pas encore vu ce film, mais certains d'entre vous connaissent peut-être? Je viens de regarder la bande annonce et il me semble que la philosophie de ce film colle parfaitement à celle du forum.

Je me permets de mettre ici la bande-annonce, puisqu'elle est en ligne sur youtube:




Carole, si tu passes par là, tu peux nous dire comment tu as eu l'idée d'écrire ce film? Et tu pourrais peut-être nous parler un peu de ta conception de la relation homme/cheval si tu le souhaites, ce serait intéressant, on n'a finalement pas encore beaucoup discuté avec toi. Comment vois-tu la relation homme/cheval, et à quelle place y mets-tu l'équitation? Tu montes encore toi même et si non, si tu n'as jamais monté ou arrêté de monter, quelles sont tes motivations?

J'ai bien envie de me l'offrir mais je ne sais pas encore.

Insoumis, une histoire de chevaux...
L'idée de ce film m'est venue après être allée au salon du cheval de paris et avoir écrit juste en rentrant chez moi l'article 'INSOUMIS', qui commençait ainsi:

Il se retourne un instant. Comme un animal au pied léger qui s’arrêterait pour humer l’air à la porte ouverte de sa cage. Il contemple ce monde farouche autour de lui ; ce monde farouche au fond de lui. Il sent le vent dans sa crinière, dans ses naseaux, sur son poil ; lui qui ne l’avait jamais senti, ce vent. Un vent nouveau.
Il se retourne une fois de plus, juste pour être sur ; être sur qu’il n’y retournera pas, être sur que tout est bien derrière lui. Il n’hésite pas. Pas une seconde il s’imagine y revenir - même si là bas il ne manque de rien – même si là bas il est choyé, adoré.
Puis il ne se retourne plus. Jamais...
Mais bien sur ce n’était qu’un rêve. Il est toujours là, au chaud entre quatre murs. les quatres murs de sa vie.
Le monde peut être toute sortes de choses différentes mais il y a un monde qui n’existera jamais et c’est celui auquel il rêve.

L'envie d'en faire le début d'un film m'est venue naturellement, car j'ai toujours eu en tête - partageant dans ma vie deux passions aussi importantes l'une que l'autre : l'art (peinture, écriture, vidéo) ; et le cheval - de pouvoir réunir les deux dans un même média. Je le fais déjà avec la peinture (vous pouvez voir quelques photos sur mon site), mais, étant aussi réalisatrice, il était incontournable que je le fasse au moins dans un de mes films...

Le film, donc, raconte l'histoire d'un vieux cheval qui a servi l'homme toute sa vie, et qui se met à rêver qu'il échappe enfin à son enfermement, en suivant un troupeau de chevaux "insoumis" qui n'ont jamais connu l'homme et la contrainte. Après cette fiction - qui en fait est un court métrage, vient un documentaire sur la famille équine, au naturel.

voila pour Insoumis !

Pour ce qui est de ma conception de la relation homme/cheval...
j'ai écrit ce texte il y a pas mal de temps en y réfléchissant:

pouvoir faire corps avec son cheval. simplement faire partie de lui - et lui de moi - lui demander cette faveur, de prendre place juste là tout près presque à l’intérieur ; passer outre le dressage outre la communication outre la relation même ; ne plus avoir à demander surtout ne plus rien exiger ; et le voir accepter, lui ; le voir m'accepter encore - céder encore au caprice - malgré tout. un cheval sans mors sans fer sans box sans barrières un cheval naturel un cheval libre. mais alors un cheval sans homme. Impossible. A jamais je serai égoïste - humaine - dans mon refus obstiné d'imaginer un instant pouvoir me passer de lui, et le privant ainsi de cette liberté absolue, de cette liberté qu'il mérite pourtant. Je ne peux pas, mais je ferai tout pour m'en approcher au plus près.

Voilà comment j'imagine, moi, la relation avec mon cheval.

J'aime et j'ai toujours aimé les animaux. Et ce depuis mon plus jeune âge. Je ne supporte pas la maltraitance, quelle qu'elle soit, envers tout être vivant, et je me bats et me battrais toujours contre cela. Et je conçois la relation avec le cheval comme toute autre relation avec le vivant (humain compris) : basée sur le respect et la douceur.

Pour ce qui est de l'équitation, comme pas mal d'entre vous j'en ai été dégoûtée très vite, j'ai beaucoup de mal à en comprendre le sens aujourd'hui encore. Mais - comme je le sous-entends dans le texte plus haut - je n'arrive pas à arrêter de monter : faire corps avec ma jument, partir à l'aventure, dans la nature, galoper etc... je ne peux pas m'en passer. Je me sens en sécurité la haut, bien, comme si j'étais sur mes propres pieds.
Je monte en licol, ma jument est déférée, avec une selle sans arçon,, et seulement pour des balades, (c'est même ma jument qui choisi le chemin.) je monte très peu en hiver, il arrive que ma jument ne soit pas montée pdt 2 ou 3 mois, et en été une ou deux fois par semaine. Je précise aussi que lors des balades ou randos que l'on fait (je monte en général avec une amie et sa jument) la moitié du chemin se fait à pied à côté des chevaux (dès que ça monte ou après une heure de monte)!!
Voila MA conception de l'équitation. Tout ce qui se fait en club ne m'intéresse pas.
Ce que j'aime aussi c'est apprendre des 'tours' à ma jument : lever les pieds, ramasser des objets, cabrer, révérence etc.

Quoi qu'il arrive, si ma jument n'a pas envie de faire ce que je lui propose, j'arrête tout. Elle a trop donné aux hommes déjà, 10 ans en box, pour finir maltraitée par une fille qui l'avait en demi-pension, et à la boucherie si je ne l'avais pas rachetée, car elle ne supportait plus personne sur son dos et devenait dangereuse. Je me souviendrai toujours de la première fois où je l'ai montée(après l'avoir laissée dans un pré plusieurs jours), sans mors bien entendu, et en balade, elle ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait! elle s'est découvert une passion ce jour là. Elle est toujours très contente de sortir et de me voir arriver.

Mes motivations sont donc le respect et le partage d'un bout de chemin avec cet être incroyable qu'est le cheval.

(extrait de l'article Insoumis):

Insoumis et libre.
C’est ainsi que j’aimerais voir le cheval.
Insoumis et libre.

Mais il ne l’est pas. Simplement parce qu’il ne le peut pas ; qu’arrive-t-il à un cheval insoumis…
Alors ce n’est pas au cheval que je demande d’être insoumis ; mais à l’homme. L’homme qui en a le droit, la possibilité et le pouvoir. L’homme qui tient les rênes ; l’homme qui n’a d’ordres à recevoir de personne ; l’homme qui proclame sa liberté, haut et fort - ce même homme qui n’a pas le courage de la prendre.
C’est à l’homme d’être insoumis.
Et de ne soumettre personne - quel plaisir en tirerait-il, il connaitrait le prix de la liberté. Il aurait su dire non ; être le seul à penser - et à faire - autrement ; être le seul à imaginer une autre possibilité ; être le seul à essayer, à découvrir. A se libérer - lui d’abord - de ce trop plein de théorie de méthodes et de matériel - puis libérer son cheval, lui offrir ce monde dont il rêve, et le voir changer.
Inventer alors leur façon de se rapprocher à nouveau. Leur nouvelle complicité.
Unis par le seul lien - invisible et inaltérable - de la liberté.
En observant des photos prises au salon du cheval, reflet de l’équitation actuelle, seuls deux mots me viennent à l’esprit : Soyons insoumis.

Je vous trouve tous insoumis sur ce forum, c'est pourquoi j'ai voulu écrire un article sur vous !

Une question que je me pose depuis longtemps devant des films ou des livres comme le tien, Carole, et à laquelle je n'ai toujours pas trouvé de réponse , est de quelle façon pourrait-on faire afin qu'ils touchent des personnes qui ne soient pas déja au courant, averties, du même avis... Trop souvent, les personnes qui vont voir ce genre de films, qui lisent ce genre de livres, sont des personnes déja acquises à la cause en quelque sorte; pour faire bouger les choses, il faudrait au contraire parvenir à ce que ces films et ces livres soient vus et lus par des personnes qui n'ont pas encore pris conscience de certaines choses (effets néfastes du box, etc). Mais comment faire?

En effet ceci est LA question de toute personne consciente des dérives de n'importe quel système, et dont le but est de sensibiliser le milieu concerné...
Je n'ai pas de réponse...
Mais mon parcours et mon combat m'ont appris que cette sensibilisation est possible - et efficace - à petite échelle : commencer par parler autour de soi (même à ceux qui ne connaissent rien à l'équitation et qui en général sont bien plus ouverts et compréhensifs), et diffuser de vive voix un maximum d'arguments, reste la solution la plus efficace et qui donne le plus de résultats. Personnellement j'ai réussi à faire bannir box, fers et mors à pas mal de connaissances... !
Ensuite il y a la plus grande échelle : ce que tu fais toi, sur les forums, puis ce que je fais par le biais de films et d'écrits. On ne peut pas connaître le nb de personnes qui remettent en question leur fonctionnement avec les chevaux, mais je suis sure qu'il y en a.
Le top serait d'être aussi doué que la cense et d'ouvrir un grand club prônant notre philosophie !
Je remarque tout de même un 'élan' de pas mal de cavaliers vers une approche plus naturelle, mais ils se font malheureusement happer par les soit-disant grands maitres de l'éthologie...et ne font que dépenser leur argent pour pas grand chose!
La vraie question est: pourquoi l'humain a-t-il tant besoin de méthode ? pourquoi a-t-il tant besoin de suivre les traces de ceux qui sont passés avant lui ? Il y arriverait tellement mieux en utilisant son propre bon sens et sa propre sensibilité !

Citation :

ce que tu fais toi, sur les forums

Moi, et toutes les personnes qui ont la gentillesse de donner de leur temps et de leur énergie à faire vivre ce forum et à partager leurs idées et leurs expériences! Merci les filles (et Piednaturel ! )

Citation :

Le top serait d'être aussi doué que la cense et d'ouvrir un grand club prônant notre philosophie !

Quand j'étais encore à la pension, et que j'en bavais, je serrais souvent les dents et je me disais souvent: "comme j'aimerais diriger cette pension... il y en aurait, du changement!!!

Citation :

Je remarque tout de même un 'élan' de pas mal de cavaliers vers une approche plus naturelle, mais ils se font malheureusement happer par les soit-disant grands maitres de l'éthologie...

Tout à fait d'accord!

ce serait le pied, ca, pouvoir toucher le plus de gens avec cette approche des chevaux, leur faire comprendre tout simplement qu'aimer les chevaux ,ca n'est pas (que) leur monter dessus....mais pour moi c'est tellement evident, il n'y a qu'a voire les yeux d'un cheval en box et tout est dit....il faudrait simplement savoir regarder un cheval pour comprendre ce dont il a besoin.
Vous savez quoi les filles : on va mettre au point NOTRE "Cense"

canellle a écrit:

Vous savez quoi les filles : on va mettre au point NOTRE "Cense"

Sauf que notre "cense" c'est rien que du "bon sens".
Et ça il n'y a rien à faire ça s'apprend pas !!

Jolie Fa !!!!!

Oui, tout ça est bien bizarre. Et donne à réfléchir.
Nous n'avons plus besoin d'utiliser les chevaux comme force de travail.
Et pourtant, il y a de plus en plus chevaux en France. D'ailleurs, ce sont les filles et les femmes qui s'y intéressent , plus que les hommes. Cependant les structures ne proposent pas autre chose qu'une équitation traditionnelle orientée vers les compétitions ou une équitation non-traditionnelle mais tout aussi draconnienne, comme la monte western (j'ai lorgné vers ça, à une époque quand la monte classique me frustrait) ou l'approche "éthologique".
Mais, rien ne répond aux besoins et aux désirs tels qu'on a pu les ressentir dès l'enfance. Il faut en fait une démarche individuelle, un caractère de cochon, et des dizaines d'années de perdues avant d'aller, d'oser aller, explorer une autre relation humain-cheval, quelque chose de plus respectueux, mais surtout de plus relationnel, au sens qualitatif.
Que cherchons-nous quand nous nous écartons, avec un sentiment de bien-être, de ces voies qui nous semblaient incontournables, ni même discutables. Monte en centre équestre. J'ai toujours ressenti une frustration. Et puis je quittais , j'arrêtais de monter, et je ne savais pas quoi faire. Et puis quelques années plus tard , je revenais, tout en sachant que ce ne serait pas ça. Que je serai déçue.
Alors, en prenant l'excuse de ma fille, qui commençait à monter, j'ai achetée Idole, gentille ponette épuisée, enceinte sans que personne ne s'en doute, et qui faisait du club après avoir fait trop de compétition, des 1m40, à 4 ou 5 ans !!!
Et puis j'ai achetée Kells, pour en avoir une deuxième.
Et maintenant, j'ai envie d'aller ailleurs. Là, cette année, il faut que je travaille cette idée.

Je trouve que les réponses données par les structures, la fédé, les moniteurs, les mensuels que l'on fait lire aux enfants dès l'enfance, les médias qui ne montrent que les compétitions, lessourses, sont inappropriées à nos envies, nos désirs, nos besoins, dont les sources sont enfouies dans l'enfance.
D'ailleurs que cherhche t'ont avec nos ponettes, nos juments , nos hongres, nos étalons, petits et grands ?
Il faut montrer qu'il y a d'autres choses à vivre et autrement.

c'est bien vrai, kells_et_Idole, ce que tu dis, sur ce que l'on a ressenti dès l'enfance. C'est le point de départ d'une passion, l'enfance. Et le cheval est une passion. Et c'est beau ce que l'on ressent à ce moment là, sauf que bien sur ça n'a plus rien à voir avec ce que l'on nous apprend ensuite.

Citation :

Il faut en fait une démarche individuelle, un caractère de cochon,

Un caractère de cochon, je ne sais pas (quoi que! ), mais ne pas avoir peur de passer pour une "bête bizarre", et ne pas avoir peur de la solitude car on se retrouve très souvent isolé!

Citation :

Insoumis et libre.
C’est ainsi que j’aimerais voir le cheval.
Insoumis et libre.

Mais il ne l’est pas. Simplement parce qu’il ne le peut pas ; qu’arrive-t-il à un cheval insoumis…
Alors ce n’est pas au cheval que je demande d’être insoumis ; mais à l’homme. L’homme qui en a le droit, la possibilité et le pouvoir. L’homme qui tient les rênes ; l’homme qui n’a d’ordres à recevoir de personne ; l’homme qui proclame sa liberté, haut et fort - ce même homme qui n’a pas le courage de la prendre.
C’est à l’homme d’être insoumis.
Et de ne soumettre personne - quel plaisir en tirerait-il, il connaitrait le prix de la liberté. Il aurait su dire non ; être le seul à penser - et à faire - autrement ; être le seul à imaginer une autre possibilité ; être le seul à essayer, à découvrir. A se libérer - lui d’abord - de ce trop plein de théorie de méthodes et de matériel - puis libérer son cheval, lui offrir ce monde dont il rêve, et le voir changer.
Inventer alors leur façon de se rapprocher à nouveau. Leur nouvelle complicité.
Unis par le seul lien - invisible et inaltérable - de la liberté.

Bravo pour cet article Carole, la 1ère fois que je l'ai lu dans PCN, j'avais les larmes aux yeux, il m'a vraiment touché...

Citation :

l faut montrer qu'il y a d'autres choses à vivre et autrement.

Oui, il faut faire, montrer que les chevaux sont biens quand ils ont une vie saine, libre, mais cela suggère aussi ne plus avoir besoin de l'homme, c'est peut-être là le pb, l'homme se croit (se veut?) indispensable au bien-être de son cheval...c'est surement le plus gros travail à faire: faire comprendre que le cheval est un animal qui sait très bien vivre sans l'intervention constante de l'homme!

Soyons dans "l'être" et pas seulement dans le "faire"

Citation :

l'homme se croit (se veut?) indispensable au bien-être de son cheval...c'est surement le plus gros travail à faire: faire comprendre que le cheval est un animal qui sait très bien vivre sans l'intervention constante de l'homme!

C'est toi qui dit + 1 Vanille alors que tu les couvres et que tu te sens obligée de leur montrer leur abri

Malheureusement, certains chevaux sont déja, lorsqu'on les accueille, bien abîmés par l'homme et malades de l'homme, si je puis dire. Chevaux asociaux, chevaux ne sachant plus se protéger des insectes, des intempéries, chevaux perdus dans un pré... Dans ces cas-là, comment faire autrement sinon en tenir compte? Par contre l'objectif est bien évidemment selon moi, non pas de complaire les chevaux dans cet état mais d'essayer, autant que possible, de les rééduquer et de leur rendre leur autonomie, complète.
Et dans le cas du poulain, du cheval à l'aube de sa vie, je pense qu'il est primordial de le laisser au naturel le plus possible: ne surtout pas commencer à couvrir, ne surtout pas commencer à ferrer, etc. C'était le sens de mon +1

Vanille a écrit:

Malheureusement, certains chevaux sont déja, lorsqu'on les accueille, bien abîmés par l'homme et malades de l'homme, si je puis dire.

C'est ce que je voulais te voir écrire après le post sur la musculature du cheval.
Cetains chevaux ont besoin que l'homme intervienne à nouveau sur eux pour les remettre sur les bonnes rails on va dire !

Je n'ai jamais dit le contraire dans la discussion sur les enrênnements, je suis en désaccord sur le moyen, pas sur le but!

Ouahhh ce film a l'air extra il faut absolument que je le voit!!!

Bravo Carole

Dis Carole, c'est toi qu'on entend parler alors ??

Merci Amlalad, merci Pamouche,

et oui, Fa, c'est ma voix qu'on entend !